17/05/10 - 19/05/10
15/05/10 - 17/05/10
Apres quelques heures passees dans un bus dont la temperature ne finit plus de grimper, nous debarquons a nouveau en terre inconnue a la rencontre de Ramesh avec qui nous n’avons eu que de brefs echanges telephoniques. Ramesh est notre contact pour le volontariat de un mois dans un petit village du nord du pays, pres de Gorka. C’est dans sa famille que nous serons heberges. En ce moment, il travaille dans un hotel a Chitwan ou nous passerons 2 jours pour en savoir plus sur ce mois a venir.
Nous voici donc arrives a destination, au beau milieu d’un parking, sous un soleil plombant, avec une meute de rabatteurs qui nous sautent dessus, nous crient dans les oreilles et qui veulent a tout prix nous emmener dans leur hotel. Chitwan est en effet l’endroit qui figure dans tous les guides touristiques et attire des milliers de touristes chaque annee.
Le lendemain, on fait le safari a dos d’elepant. On se retrouve par 4 sur une nacelle fixee a son dos, plus le maitre assis sur son cou. Sacrement costaud la bete! Ca aussi ,c’est un peu l’attrape-touriste. On se retrouve a une 10aine d’elephants dans la jungle, c’est sur qu’on verra pas de tigre… par contre, on a vu une famille de rhinoceros sauvages au milieu des longues herbes. Tous tranquilles, a peine perturbes par la colonie d’elephant les encerclant. Et toute sorte d’oiseaux, singes, antilopes… et le calme de la foret avec les rayons de soleil qui penetrent dans le sous-bois alors que nous progressons nonchalamment sur le dos de notre pachiderme.
VIPASSANA, qui
signifie voir les choses telles qu'elles sont réellement, est une des plus
anciennes techniques de méditation de l'Inde. Elle a été enseignée en Inde il y
a plus de 2500 ans comme un remède universel aux maux universels.
(http://www.french.dhamma.org/)
Il ne faut pas longtemps, une fois arrivé a Freakstreet (le quartier hippy) pour que quelqu’un vous parle de Vipassana. « je reviens juste de Vipassana, c’est génial !! tu devrais le faire, c’est dur, mais ça apporte tellement » . Depuis plusieurs année la méditation aiguise ma curiosité, mais ce n’est malheureusement pas en lisant un livre qu’on peut apprendre a pratiquer et comprendre l’intérêt de la méditation. J’espérais vaguement que ce voyage en orient approfondirait mes connaissances mais j’ai tout d’abord été légèrement déçu quand j’ai réalisé à quel point les indiens avaient créé un business de la spiritualité face à tous ces occidentaux en quête de sens. Il est très facile de trouver des stages de méditation mais la plupart du temps il faut payer, et cela m’avait toujours rebuté, au fond de moi je trouvais que quelque chose clochait. Quand j’ai entendu que ce stage Vipassana était gratuit (sur libre donation) cela m’a tout de suite paru beaucoup plus sérieux.
Des règles très strictes
C’est effectivement très sérieux, avant de pouvoir y aller il faut lire un code de conduite expliquant les règles de vie du centre, qui sont très strictes et promettre de s’y conformer.
Il est interdit de parler. Il faut respecter le « noble silence ». Les seuls échanges autorisés sont ceux avec les bénévoles qui aident a l’organisation du stage ou avec les enseignants, il ne doivent concerné que des problèmes pratiques (besoin d’une couverture) ou un problème de compréhension de l’enseignement. C’est beaucoup plus facile à respecter qu’il n’y parait, il serait impossible de se concentrer si il y avait des bavardages incessants dès la sortie du hall de méditation, cela permet de se retrouver vraiment avec soi. Livres, cahiers, crayons, téléphone portable sont également interdits, aucune distraction n’est possible.
Le stage dur 10 jours, l’emploi du temps est monacale, 10 heures de méditation quotidienne !!! Ca commence à 4h30 le matin. Tout le monde se réunit dans un grand dôme, rejoint son coussin attitré et c’est parti, il y a plusieurs pause dans la journée, pour manger, faire la sieste, laver ses affaires. Il est normalement interdit de quitter le stage avant la fin, cependant quelques exceptions sont faites et certains craquent avant la fin mais cela est très triste pour eux, la technique est enseignée petit à petit et les enseignements des derniers jours sont très importants.
A la fin de la journée il y a le discours d’une heure sur la technique et la philosophie. C’est un enregistrement de l’enseignant S.N. Goenka, celui qui depuis quelques décennies a permis l’essor de Vipassana au-delà des frontières Birmanes. Sur demande il est possible de l’avoir dans sa langue. Il y a également des assistant enseignants en chair et en os à qui il est possible de poser des questions et qui plusieurs fois dans la semaines nous réunissent par petit groupe de 4-5 pour vérifier qu’on a bien compris l’enseignement.
Pourquoi ces règles si
strictes ? Je ne suis pas celui qui les a édictées mais j’y voie plusieurs
raison : premièrement cela permet d’éliminer les personnes peu motivés, il
faut être sûr de sa volonté avant de se jeter là-dedans ; et cela crée des
conditions parfaites d’enseignement et de méditation.
L’enseignement
Quel est cet enseignement ? Il s’agit des principes bouddhistes fondamentaux, comment se libérer de ses passions ? Comprendre que c’est notre attachement et notre avidité pour tout ce qui procure du bien être ainsi que notre rejet, notre haine pour ce qui nous est désagréable qui est a l’origine de nos souffrance ; prendre conscience du coté éphémère de toutes ces choses auxquelles on accorde trop d’importance ; dissoudre son ego et éprouver de la compassion pour tous les êtres qui souffrent…
Toutes ces idées sont bien belles et même si on les approuve complètement, seulement les intellectualiser ne suffit pas. La méditation Vipassana consiste en l’observation des sensations sur toute la surface de son corps de manière neutre, qu’une sensation soit plaisante ou déplaisante, il s’agit surtout de ne pas émettre de jugement, de ne pas ressentir d’avidité ou de rejet, de réaliser que ces sensations sont en perpétuelles évolutions. De cette façon on acceptera les idées mentionnées précédemment au plus profond de soi-même cela entraînera un changement dans notre comportement, notre façon de percevoir le monde qui nous entoure.
“The most challenging but most rewarding thing I know” (citations d’une freakstreetienne que je ne sais pas trop comment traduire)
Une épreuve très difficile mais qui apporte tellement
Tout le monde est forcement inquiet avant son premier stage, est-ce que je vais tenir les 10 jours ? Je n’avais jamais fait de méditation avant mais plusieurs personnes m’ont rassuré en me disant que ça n’avait pas d’importance. Cela parait tellement irréel de méditer 10 heures par jour pendant 10 jours!!!! Et c’est dur, très dur, il y a de quoi devenir fou. Le soir il y a un joli discours sur la fin de la souffrance et la journée est horrible, cela force à se raisonner et à puiser dans ses forces psychologiques pour endurer ça. Je suis passé par une journée ou deux vraiment dures, en milieu de stage, puis on se détache, on perd la notion du temps, les jours se ressemblent tellement et finalement arrive la délivrance de la fin du stage et c’est un véritable bonheur, non seulement parce que l’épreuve se termine avec succès mais on se sent bien, heureux d’avoir fait ça, comme sur un petit nuage. Je n’ai rencontré personne qui regrettait d’avoir fait Vipassana.
Le retour à Kathmandu est difficile, bruit, odeur. Les premiers jours on n’a pas trop envie de parler. J’essaye de méditer quotidiennement depuis comme il le conseil mais je ne fais que quelques heures par semaine.
Vipassana s’est exporté partout en Europe et aux US. En France le centre n’est pas très loin d’Auxerre. Les discours, les règles de vie sont identiques, pas besoin d’aller a Kathmandu si ça vous intéresse ; ci-dessous le lien de Vipassana France.
14/14/10 - 15/05/10
Et nous
voici de retour a Kathmandu... Franck et Cyril partent bientot, mais avant ca,
nous font la surprise de nous inviter dans un super resto francais dans le
quartier de Thamel (quartier touristique). Nos papilles n'en reviennent pas,
terrine de canard, tapenade, saumon, entrecote, fromage.... Y'a pas a dire, la
bouffe francaise nous manque vraiment... Parce que le dal bath, c'est bien,
mais ca manque un peu de variete...
Promenade a Bakthapur, petite ville historique non loin de KTM...
C'est l'heure du depart, au revoir les copains, on se revoit bientot, seulement 2 mois et demi. Et nous, nous restons dans le petit village de freakstreet, entre le petit cafe organic ou on retrouve les copains vagabons comme nous, la terrasse du moon stay lodge, ou on passe de bonnes soirees a parler mystique... On est comme chez nous et on n'arrive plus a decoller. Meme chose pour les autres voyageurs qui atterissent ici. On reste tous bloques a freakstreet, comme si les generations de freaks et de voyageurs du monde entier se succedant nous hantaient et nous retenaient prisonniers.
Mais ca nous fait un bien fou d'avoir
enfin un chez nous. Une rue ou on se sent bien, ou on dit bonjour aux
commercants du coin et on peut rester pose toute la journee a refaire le monde
avec une nouvelle rencontre. Nos voisins de chambre sont aussi la pour un bout
de temps, Judith et Bej, israeliens attendent leur visa indien. La nouvelle
reglementation veut que l'on attende 2 mois entre 2 visas indiens. De plus, ils
ne delivrent plus que des visas de 3 mois au lieu de 6, dur dur pour tous ces
gens qui vivaient en Inde non-stop par simple visa touristique. Fini le bon
vieux temps, l'Inde veut faire le menage parmi ses visiteurs... Mario et Mira
de Suisse, les autres voisins se sont lance dans la fabrication de bijoux en
macrame. Tous les jours c'est atelier bijoux devant nos portes de chambres.
Rencontre avec Kunga, tibetain exile au Nepal que ma maman parraine. Nous sommes recu comme des princes. On collectionne les echarpes de soie blanche, symbole de respect et de bienvenue chez les tibetains.
Ainsi le temps passe paisiblement dans freakstreet. Nous avons alors le projet de trouver un petit village isole pour se faire une immersion profonde dans la culture nepalaise, la vraie, l'authentique. On pourrait se lancer profs d'anglais pour les petits nepalais pendant un mois. Grace au couchsurfing, on rencontre Sophie, residente a Kathmandu, elle possede un petit resto dans Thamel. Pleine d'energie et d'idees, elle nous met en contact avec Ramesh qui cherche des volontaires pour le village ou vit sa famille. On garde l'idee dans un coin de notre tete.
Il y a aussi Vipassana. C'est un ashram a Kathmandu ou sont organisees 2 fois par mois des sessions de 10 jours de meditation intensive. Nous sommes interesses par le concept mais c'est une experience qu'il vaut mieux tenter seul. Vincent se decide donc, alors que moi, je me motive pour trouver un atelier de bijoux pour apprendre a travailler l'argent. Pour la premiere fois depuis 10 mois, nous allons etre separes....! Vincent suivra le stricte reglement de Vipassana, leve 4h du mat, 10h de meditation par jour, pas le droit de parler pendant 10 jours, ni de regarder les autres en face. Moi, je vais continuer ma petite vie freakstreetienne.
Jour 1: Boulversement dans le programme que je m'etais fait, la greve generale eclate dans tout le pays. C'est bientot le vote pour la nouvelle constitution dans la republique democratique toute neuve du Nepal. Les maoistes qui ont eu un role decisif dans l'abolition de la monarchie reclament leur mot a dire. Comme a leur habitude, ils imposent la greve generale par la force. Les commerces doivent etre fermes toute la journee. Les commercants sont effrayes. Si les maoistes voient un resto ouvert, il entrent et reclament de l'argent ou de la nourriture. Sans ca, ils menacent de tout saccager. On n'a pas vu de scene de ce genre mais les gens ont en memoire la violence lors de dernieres greves generales. La peur est installee, les maoistes ont le pouvoir sur le peuple. Ils passent dans tous les villages du pays et reclament a toutes les familles un de leur fils, soit par persuasion, soit par la force. Les troupes ainsi formees se dirigent vers Kathmandu pour aller manifester. Les manifs commencent a 6h du mat, un peu partout dans la ville.
A freakstreet, on voit de temps en
temps les corteges passer, tambours, drapeux rouges, cris et sifflements puis
le calme revient. Les rues sont desertes, tous les magasins et retaurants ont
leur grille baissee. Les rues qui d'habitude sont un chaos innomable sont
devenues desertes. Les maoistes interdisent aux gens de se deplacer en voiture,
moto ou velo. S'ils croisent quelqu'un, ils le descendent de force de son
vehicule et crevent les pneux.
Ils ne font par contre aucun mal aux touristes
qui mettent tout de meme rarement le nez dehors. Personne ne sait alors combien
de temps la greve va durer. Un jour, puis 2, puis 3, 4, puis 5... Les rumeurs
racontent que la derniere greve a dure 3 semaines! Et Vincent, lui, est
toujours dans sa retraite meditative et n'a pas la moindre idee de ce qui se
trame au dehors. Les commercants commencent a trouver le temps long et les
recettes sont maigres. Ils ont le droit d'ouvrir seulement de 6h a 8h du soir.
On voit alors les rues se ranimer pendant cette courte periode. Ca devient
difficile de trouver des restos pour manger le matin et le midi. Entre
touristes, on se donne les tuyaux, tel resto est en fait ouvert, il faut entrer
par la porte de la cuisine. A l'interieur, il fait noir car le rideau de fer
est baisse. Ou tel resto est aussi ouvert, mais on ne peut pas ouvrir les
volets. Lorsque le cortege de la manif passe dans la rue, on se cache derriere
les volets et on epie sans qu'ils nous voient. Les touristes s'impatientent
aussi. Certains voudraient retourner en Inde, mais il n'y a pas de bus. Ceux
qui ont un vol prevu doivent se rendre a l'aeroport a pied. Les trekkeurs qui
etaient partis avant la greve sont coinces dans les villages en attendant que
les bus reprennent leur service. Avec les autres touristes dans l'hotel, on se
demande quoi faire. L'avantage, c'est que l'air est devenu plus pur dans la
ville et ca devient agreable de se promener dans les rues desertes. Certains en
profitent pour faire des belles seances photos. Et nous, on attend. Notre
nouveau slogant, "What to do in Kahmandu!" devient
le gros delire journalier. D'autres, plus alarmistes prennent la chose plus au
serieux, est-ce que ca va degenerer en guerre civile? Les ambassades demandenet
a leurs ressortissants de s'enrigistrer aupres d'elles... On voit de plus en
plus de scenes de violence aux infos. Les maoistes qui reclament la demission
du premier ministres attaquent des lieux cibles, on voit des vioence entre
policiers et manifestants qui se tapent dessus a coup de bambou. Les habitants
de Kathmandu commencent aussi a s'en meler car plus personne ne peut gagner son
pain. J'ai vu un pauvre rickshaw a pedale se faire rembarer par un barrage de
maoistes. Le pauvre, qui gagne son maigre pain a la sueur de son front m'a fait
pitie. Les policiers mettent a la porte de la ville les manifestants venus des
campagnes. Par dizaines, ils rentrent chez eux a pied, de longues heures de
marche les attendent avant de pouvoir regagner leur village.
Mais pour les photos de manif, je vous recommande le blog de Sonia, une adepte freakstreetienne aussi, qui a le bon œil et est bien moins frileuse que moi pour aller se plonger au coeur de l'action:
http://soniaontheroadagain.blogspot.com/2010/06/kathmandu-freak-street.html
Puis le ras-le-bol general l'emporte. Les habitants de la ville organisent une grande marche pacifiste pour protester contre la Banda (greve). Les maoistes qui constatent alors a quel point ils sont impopulaires, capitulent et la greve se termine apres 6 jours intensifs. La ville reprend son rythme effrene comme si rien ne s'etait passe. Beaucoup de touristes desertent le Nepal et moi, je vais enfin pouvoir me mettre a mon petit stage en joillerie.
Vincent revient au bout de ses 10 jours. Il a tenu le coup, certains craquent avant, comme celui qui est parti apres le 8eme jour... L'experience lui a beaucoup plus meme si c'est quand meme tres difficile. Dorenavant, il est equanime! ;o)
Et notre projet de volontariat dans tout ca? On se remotive, on prend contact avec Ramesh qui habite a Chitwan dans le terai (partie plate du Nepal dans le sud). Il ne nous reste plus qu'un mois et demi au Nepal. Faut qu'on se depeche si on veut rester un mois la-bas, ce qui semble etre le minimum pour creer de vraies relations dans notre petit village. Mais soudain, le doute nous envahi. Nous serons profs d'anglais alors que notre anglais est loin d'etre parfait. Nous auront des classes de 45 eleves... des petits et des grands... ca va etre dur de s'improviser profs!. On a meme pas le temps de se preparer du materiel pedagogique. Finalement, on se decide a tenter l'aventure. On verra bien au bout de 2 semaines. Apres tout, on est volontaires, pas profs professionnels. Si c'est trop difficile, on avisera.
Prochaine etape, petite viree a Chitwan pour rencontrer Ramesh. On est mi-mai et la chaleur sera assomante dans le Terai. Preparation psychologique...
Et oui, je sais, je suis impardonnable.... Voici pres de 2 mois que je n'ai pas mis la main a la pate et laisse vos lectures en suspend. Maintenant que nous sommes bien revenus et que l'effervescence commence a redescendre, je trouve un peu de temps pour rattraper mon retard. Et voici donc venir la suite et fin de ce blog: les manif a Kathmandu, petite viree a Chitwan, et enfin le mois d'exil dans les montagnes... Bonne lecture a tous!
29/06/10 - 30/06/10
Avant de poursuivre dans le recit de nos perigrinations himalayennes, je vous mets tous au gout du jour en vous annoncant que nous nous sommes envoles pour Paris le lundi 29 juin. Kathmandu etait tres triste de nous voir partir, le ciel pleurait a chaudes larmes et Ganesh nous a meme offert un bel arc en ciel comme cadeau de depart...
30/03/10 - 07/04/10
Nous arrivons donc au Nepal par l'avion. Vraiment, j'aime pas l'avion! Bon OK, c'est pratique car rapide mais quelle tristesse d'arriver dans un aeroport qui ressemble a tant d'autres, sans meme se rendre compte qu'on a passe une frontiere, avec toute l'excitation que cela engendre. Voir changer les visages, les paysages, la musique, la nourriture, toute la culture qui change petit a petit...
On n'aura pas vu tout cela et on tente de comprendre tant bien que mal dans quel monde nous avons debarque. Le Nepal etait pour moi un pays de reve, qui fait s'envoler l'imagination, qui est hors d'atteinte, et Kathmandu un doux mythe qui resonne dans la tete comme une promesse de depaysement.
Et soudain! Nous y voici. Et bien oui, c'est une ville bien reelle, retour sur terre... Finalement, on n'est pas si eloignes de la culture indienne, on retrouve beaucoup de ce qu'on connaissait deja avec quand meme des differences dans les moeurs, beaucoup moins traditionalistes qu'en Inde.
Kathmandu nous devoile tous ses charmes d'architecture... La ville des dieux regorge de temples de toutes tailles, des plus majestueux, coiffes de leur 5 toits, pares d'or et de sculptures magnifiques, au plus petit lingam recouvert de la poudre rouge de la puja de la veille. A chaque coin de rue, une deite quelconque nous observe. Certains coins de la ville ont garde leur touche authentique, petites fenetre de bois sculpte, murs de briques et toits pentus qui indiquent qu'il pleut plus ici que dans le sud de l'Inde...
On se promene dans les petites ruelles etroites mais c'est plus une bataille incessante pour se faire une place parmi le flot de voitures, motos, velos, rickshaws a pedales, qu'une reelle promenade.Difficile de respirer et sans savoir comment c'est possible, ca devient encore pire aux environs de 6h du soir.
La moitie des pietons portent un masque sur le visage pour se ptoteger des effluves d'echappement dont le melange essence, huile de je sais pas quoi rendent vraiment infectes. De temps en temps, ouf! Une petite porte qu'on doit franchir en courbant l'echine et nous nous retrouvons dans une petite cours interieure ou la paix contraste violemment avec l'enfer de la rue. Des gamins jouent entre les stupas de toutes tailles, 2 femmes massent leur bebe avec de l'huile sous les rayons du soleil de la fin de l'apres-midi, ca discute entre voisins de fenetre en fenetre... velos, ballons, un jolie petite vie de quartier.
Une autre petite porte nous emmene vers un temple cache entre des maisons. Le dore qui devait briller a l'epoque est recouvert d'huile noire, crasseuse, accumulee d'annees d'offrandes, de lampes a huile,et de poussieres et rendent le temple tout poisseux. Ca sent le beurre rance mais l'endroit reste magique. Rouleaux a priere, cloche, stupa, lingam, Siva, Vishnou, avec des tetes de Buddha... va falloir un certain temps avant de reussir a decripter comment le bouddhisme et l'hindouisme sont meles.
Nous essuyons notre premier orage qui annonce l'arrivee inexorable de la mousson de juin, et notre premiere manif maoiste que l'on observe depuis la fenetre de notre hotel qui donne sur Durbar square, la place principale. La premiere d'une longue serie...
On decouvre aussi le train train des nepalais, coupures d'electricite intempestives, manque d'eau, eau non potable... On nous a dit que c'etait le pays regorgeant du plus de ressources en eau de la planete, des cascades d'eau limpide devalant les flancs himalayens, des potentiels electriques enormes! Mais, il semble que le pays connaisse quelques lacunes de ce cote la. Les riveres de Kathmandu empestent a des centaines de metres a la ronde, l'eau est noire comme du petrol, les detritus jonchent les cotes de la riviere... quelle tristesse! Il y a tant a faire dans ce pays magnifique, et les gouvernements qui se succedent depuis la chute du roi ne savent que se disputer le gros gateau sans faire avancer les choses. La situation du Nepal entre les 2 geants que sont la Chine et l'Inde ne facilite pas la tache. Lutte d'influence, bakchich, le pays est ecartele du nord au sud.
Les nepalais etaient de grands guerriers, ils ont toujours empeche les anglais d'envahir le pays, mais comme dirait l'autre, ils auraient peut-etre du les laisser entrer le temps de construire de belles routes, des chemins de fer, des centrales electriques et des canalisations avant de les bouter hors du Nepal et garder toutes ces avancees precieuses que l'Inde, par exemple, ne regrette pas... (un peu colonialiste comme discours... mais issu de la bouche d'un nepalais). On ne connait que tres peu l'histoire du Nepal depuis chez nous. J'ai ete surprise d'apprendre que la republique democratique du Nepal ne date que de mai 2008. Le chemin jusqu'ici a ete plutot laborieux, guerre civile pour l'abolition de la monarchie menee par les maoistes en 1996, assassinat de toute la famille royale en 2001, personne ne sait si c'est un coup monte par le neuveu de la famille pour monter sur le trone ou, comme le dit la version officielle, ce serait le fils drogue qui aurait tue toute sa famille pour se suicider apres. Sacre histoire du Nepal! Le pays ne s'est ouvert au monde qu'en 1950 d'ou le retard de developpement dont il souffre.
Quelques jours a Kathmandu le temps d'attendre Franck et Cyril, nous visitons, devenons des habitues de la boutique a cay en bas de l'hotel... On habite a Freakstreet. Ancien quartier touritique de Kathmandu, on l'appelle ainsi a cause des freaks, ces hyppies qui arrivaient a Kathmandu dans les annees 70 et tombaient dans la drogue et la desillusion... On commence a lire Sur les chemins de Kathmandu de Barjavel.. dur, dur comme vison, mais je recommande le livre!
Les copains sont arrives! Fromage et charcuterie plein les valoches evidement... merci!!!!
Promenade extraordinaire a Swayanbunath, plus connu sous le nom de monkey temple, du a la quantite de singes qui y vivent. Stupa majestueux (sous les echaffaudages, malheureusement) perche sur une des colline qui domine Kathmandu., on baigne dans la culture bouddhiste, ce qui n'est pas sans me deplaire.
Nous voila de retour apres notre mois d'exil dans les montagnes nepalaises. Un mois magique et hors du temps, une experience qu'on oubliera pas de sitot. Dur dur de s'improviser prof mais que de bonheur avec nos eleves qui ne cessent de nous devorer des yeux sans se lasser jours apres jours... Et difficile de quitter notre famille d'accueil qui va retourner a sa routine sans les 2 francais qui font les clowns tous les soirs... Mais les details pour la suite, en attendant, je rattrappe mon retard et vous livre nos premiers pas a Kathmandu...
Petite relache du blog, qui s'accorde d'ailleurs avec une petite relache dans le voyage puisque nous voila a Kathmandu depuis bientot un mois et demi... Ca fait du bien de se poser un peu! J'ai quand meme reussi a finir les post sur l'Inde mais la suite a du mal a venir...
Mais ce n'est qu'une question de temps, et d'ailleurs je vais en avoir du temps puisque nous avons decide de nous exoder dans les montagnes lointaines du Manasalu, dans un petit village de 1000 habitants pendant un mois, ou nous allons tenter l'experience de profs pour les petits nepalais... Donc pendant un mois, pas d'acces a internet mais du temps pour ecrire...
Voici donc le programme qui vous attends :
- Une semaine de trek dans le pays Tamang, tout pres de la frontiere du Tibet avec Franck et Cyrille... voyage sur le toit du bus, degustation de dal bath a volonte, photos incroyables et pleins d'autres histoires
- Un mois de glandouille a Kathmandu, parce que freak street c'est super bien et parce qu'on aime Kathmandu...
- Greve generale, paralysie de tout le pays, la terreur des maoistes, petit topo sur la situation politique actuelle
- 10 jours de retraite pour Vincent a l'ashram Vipassana. Au programme, leve 4h, meditation toute la journee et le tout en silence pendant 10 jours... Vincent, la metamorphose! Il vous racontera...
- Passage express dans le parc naturel du Chitwan, baignade et douche avec les elephants, safari a dos d'elephant, rhinoceroces, antilopes, oiseaux de toutes les couleurs... On a realise qu'il fait bon vivre a 1000 metres de hauteur en ce moment sur le continent indien, sinon.... on fond sous 40 degres lourds d'humidite!
- Et pour finir, un mois a la fraiche, vie rurale et traditionelle. Comment nous nous sommes improvises profs et surement quelques petites bouilles d'eleves de l'ecole... Et peut-etre quelques travaux au champ, ou promenade avec les chevres!
Et voila, que du beau avant de rentrer vers notre cher pays qui nous manque tant, avouons-le!
A bientot!
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